Après l’effondrement de l’empire romain au 5ème siècle, des groupes de familles ou des tribus venaient s’installer en Alsace suivant l’antique mode germanique pour former diverses communautés. Ils occupaient une portion de territoire composée de pâturages et de terres vaines et vaques. Ces endroits qu’ils délimitaient par des bornes devaient s’appeler plus tard les communaux, ban ou finage. Leurs habitations, granges et écuries également regroupées étaient entourées de haies vives, de fossés ou de palissades afin de se protéger des animaux sauvages. On admet que le village de Kertzfeld s’est développé autour de l’emplacement de l’église qui était sans aucun doute un cimetière fortifié. Tous ces habitants travaillaient pour le compte du seigneur du lieu, ecclésiastique ou laïc. Celui-ci garantissait la protection en cas de danger. Ces paysans payaient un cens annuel pour les terres qu’ils cultivaient, mais jouissaient d’une totale liberté et gratuité pour le droit de pâturage (Allmenden). Les terres en friches étaient laissées aux émigrés moyennant une soumission totale au « Maire ou Schultheiss » du lieu.
Ce personnage était responsable de la communauté, il représentait le grand propriétaire et c’était lui qui était chargé de tous les détails de l’exploitation rurale et de veiller à la rentrée des cens ; aussi habitait-il la cour principale. Quand le seigneur avait un conflit à régler, le Schultheiss devait, sans condition mettre tous les hommes valides à sa disposition afin de mettre sur pied une petite armée, souvent bien moribonde, pour défendre ses intérêts et cela finissait très souvent par des batailles. Pour plaire au seigneur, certains de ces « Maires » faisaient régulièrement des excès de pouvoir de toutes sortes envers les villageois, notamment pour le ramassage des cens lors des années de vaches maigres. Pour les récompenser et surtout les encourager, le Seigneur leur donnait des terres à leur nom et parfois ils étaient encore anoblis.
On les appelait alors la « petite noblesse » qui avait le droit de porter des armoiries ; le plus connu était sans aucun doute le Chevalier RAMBOLD de Kertzfeld. Il faut noter que le blason actuel de la commune n’est autre que celui d’un anobli de KERTZFELDEN qui vivait au 13ème siècle (coupé au premier d’or à l’étoile à six rais de sable au deuxième d’azur plain).
Vers l’an 1000, Kertzfeld est mentionné pour la première fois comme l’une des plus anciennes possessions de l’Evêché de Strasbourg dans la région de Benfeld. L’évêque de Strasbourg en était déjà seigneur. Les monastères de Baumgarten, d’Eschau (XIIème s.), celui de St Arbogast de Strasbourg (XIIIème s.) y possédaient des biens.